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Embrunman (15/08/2017)

Embrunman, triathlon longue distance mythique de l'histoire du triathlon.

Embrunman 2017

Après l’Ironcorsaire à Saint Malo en juin 2016, j’ai pensé à l’Embrunman, « la marche au-dessus », pour la difficulté reconnue de son circuit ainsi que pour l’historique qu’il représente dans les triathlons longue distance. J’hésitais entre me laisser une année ou le tenter dès 2017. En novembre 2016, je me dis qu’attendre une année de plus ne changera rien au niveau de ma préparation, et que je vais devoir mettre l’accent sur mes entrainements vélo.

Je commence  ma préparation en janvier 2017 (quelques trails); elle s’intensifie à partir du mois de mars. En volume d’entraînement, cela représente  50 h de natation, 50 h de course à pied et 200 h de vélo, ce qui donne une moyenne de 8 h d’entrainement par semaine. A partir de mars, mes semaines basses représentent 10 à12 h d’entrainement, mes  semaines hautes 17 à 20 h.

Pour réussir l’Embrunman, je dois travailler le vélo dans les bosses. Chez nous, on les trouve dans les Mauges  ou le Layon. Ma plus grosse sortie est de 230 km pour 3300 mètres de dénivelé. Je veux être au plus proche du dénivelé de l’épreuve qui est de 3600 mètres. Pour la course à pied, j’ai décidé de rester sur mes acquis (1 entrainement par semaine). Je continue mes 3 séances de natation hebdomadaires, sachant que cela améliorera peu mes performances (la natation ne sera jamais mon point fort…).

Un mois avant l’épreuve, nous choisissons Les Orres comme destination de vacances, station  située à 15 km d’Embrun. Cela me permet de pédaler en montagne, et surtout de découvrir le parcours de l’Embrunman dans sa totalité. Mon premier essai se termine au bout de 50 km, suite à de la casse mécanique (patte de dérailleur cassée, qui a entraîné la casse de trois rayons; cet incident me fait penser à Gregory qui a connu cette mésaventure lors de son premier Embrunman). Je préfère que cela m’arrive à l’entraînement plutôt que lors de l’épreuve. Les réparations effectuées, je peux retenter les 186 km. Belle sortie, de beaux paysages, mais difficile sur la fin ! Niveau timing, je ne suis pas hors délai, mais n’ai qu’une demi-heure de marge sur les temps éliminatoires. Je sors de cette journée plutôt rassuré en me disant que cela est jouable. J’espère aussi que le temps sera clément, je m’intéresse fortement à la météo les jours précédents la course (ouf, pas de neige ou grêle annoncés sur l’Izoard comme il arrive parfois à cette période, ni des températures trop chaudes).

Enfin le  jour J !  Lever à quatre heures pour être au parc à vélo à 5h.  Départ de la natation à 6h, il fait encore nuit, la température extérieure est agréable. Dans la journée, il  fait chaud lors de la montée de l’Izoard, le  vent souffle fort entre Briançon et Embrun. Le ciel se couvre en fin de journée mais c’est une bonne chose pour partir en course à pied.

En natation, j’ai comme objectif de sortir en 1h30. Je termine l’épreuve en 1h39;  je n’ai pas de bonnes sensations dans les jambes malgré que je ne les ai pas trop fait travailler.  Mais la natation est terminée, j’en suis bien content ! J’aurai du monde à dépasser sur mon parcours vu ma place dans ce premier classement : 1016ème sur 1046.

Le temps de me changer, il me reste 5h20 pour arriver en haut de l’Izoard (km 96). Ce col doit être franchi avant 13h 10, sinon la belle aventure s’arrêtera là. Lors de ma préparation en juillet, j’avais atteint le col en 5 h, j’ai donc une marge de 20 min maxi. Je m’étais aussi noté des temps de passage pour avoir des repères durant la course : au km 43 (fin de la boucle des Puys), km 66 (Guillestre) et km 84 (pied de l’Izoard). Sur ces différents points, je réussis à tenir le timing.

 Le col de l’Izoard fait 14 km. A la sortie d’Arvieux (à 9 km du sommet), on entre dans les pourcentages difficiles. Des concurrents commencent à mettre le pied à terre et à marcher. Ce sera sûrement difficile pour eux de passer le col dans les temps. Sur le site de l’Embruman, l’organisation recommandait d’être « humble » dans son choix de développement ; certains concurrents venus  avec des braquets trop gros ont dû descendre de leur vélo et n’ont pas tenu le timing. J’ai opté pour un 34X30 pour mon plus petit développement, je ne le regrette pas. Sur les derniers kilomètres de l’Izoard, vers midi, le chaud est bien installé, il n’y a pas trop d’air. Ma moyenne kilométrique descend mais je reste dans le timing fixé. Je passe l’Izoard en 5h et 24 secondes (timing respecté!). Je repars tous de suite car je sais qu’il reste deux difficultés à passer, un temps limite à 16h15 au 170ème kilomètre et à 17h15 pour arriver au parc à vélo. Entre le kilomètre 96 et le kilomètre 140, nous avons une bonne partie de descente et quelques petites bosses. J’en profite pour bien m’alimenter car lors de la montée de l’Izoard, la nourriture passait mal. Le vent est assez fort et nous l’avons de face. Au kilomètre 140, il y a la côte du Pallon, une côte à 11% sur deux kilomètres. Je me souviens qu’on la sent bien passer. Je maintiens le rythme jusqu’au Pont Neuf (km 170 avec barrière horaire à 16h15). Je passe cette barrière avec 30 minutes d’avance. Il reste la côte de Chalvet (7 km, avec 400 mètres de dénivelé). Cette dernière bosse est exigeante avec une montée irrégulière. Je suis content là aussi d’avoir repéré le parcours car je sais à quoi m’attendre.

Je termine le parcours vélo en 8h43 en ayant gagné 188 places. En posant le vélo, je me sens encore assez frais et je pars sur le marathon avec un rythme de 10 km/h. Je verrai bien combien de temps je peux tenir cette vitesse. Le circuit pédestre forme trois boucles de 14 km avec un dénivelé de 100m à chaque boucle et la fameuse côte Chamois. Mon premier tour se passe bien, je le fais en 1h22 sous les encouragements de Nadège, Maëlys et Théotime. Je commence à envisager que je pourrais être sous les 15 heures mais je sais aussi qu’un coup de fatigue va sûrement arriver. Au début de deuxième tour, je mange un morceau de banane au ravito pour changer des gels et des boissons iso-tonic, mais je sens que ça ne passe pas terrible. Le ciel est couvert mais le temps encore chaud. J’apprécie les stands « épongeages » pour me rafraichir. Je continue de m’alimenter avec des gels et des boissons car il n’y a plus que cela qui passe. Je boucle le deuxième tour en 1h28. Au 31ème kilomètre, je marche pour pouvoir manger car ça ne passe plus en courant. J’ai abandonné l’idée d’être sous les 15 heures et  me rappelle que le principal est de finir la course et profiter de la fin. Je passe la côte Chamois en marchant. Nadège me dit tous les encouragements qu’elle reçoit par téléphone, SMS ou  Facebook. Savoir toutes ces personnes derrière moi me fait plaisir. La nuit commence à tomber et le temps se rafraîchit nettement, je me sens aussi refroidir. Sur les cinq derniers kilomètres, j’alterne marche et course à pied. On échange quelques mots entre concurrents, qui eux aussi seront finishers, en nous disant qu’il faut qu’on savoure la fin. Je passe la ligne en 15 h 13 min et 49 s. J’ai gagné 259 places en course à pied, je termine 529ème sur 835 classés (un peu plus de 200 abandons ou mises hors délai).

Merci à vous tous qui m’avez transmis vos encouragements. Merci à ma femme Nadège pour son soutien. C’était une très belle aventure.

Photos Nadège